L’Afrique au coeur du débat à l’ouverture du onzième Forum social mondial
Dimanche 6 février, la onzième édition du Forum social mondial (FMS), pendant altermondialiste du Forum économique mondial de Davos, s’est ouverte à Dakar par une grande marche qui a réuni plusieurs dizaines de milliers de personnes selon les organisateurs. Cette année, le contexte est particulier du fait des soulèvements populaires qui ont eu lieu en Egypte et en Tunisie, et qui ont naturellement amené les discours d’hommes politiques ainsi que les conversations des marcheurs à se centrer sur des problématiques africaines. Parmi bien d’autres, Martine Aubry, secrétaire générale du Parti socialiste français, s’est exprimée longuement, tout comme le président bolivien Evo Morales, auteur d’un discours donné depuis une scène installée dans l’université Cheikh Anta Diop. Porté par le thème de cette année, « les crises du système et des civilisations », ce dernier s’est attaqué aux « dysfonctionnements » du système libéral, en s’en prenant notamment aux privatisations des services de bases, qu’il juge excessives. Dans la semaine sont attendues les visites de l’ex président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et d’Hugo Chavez, ainsi que celle du président guinéen Alpha Condé.
La première secrétaire du PS a elle avant tout cherché à rompre avec le tristement célèbre « discours de Dakar » donné par Nicolas Sarkozy en 2007, et dans lequel il déclarait que l’homme africain n’était pas assez « rentré dans l’histoire ». Martine Aubry, à travers des propos que beaucoup ont qualifiés d’opportunistes, a dénoncé le manque de clairvoyance de la France et l’Union européenne, qui refusent de voir l’émergence de l’Afrique et la traite encore avec condescendance.
La grande messe de l’altermondialisme ne tombe pas au meilleur moment pour le gouvernement sénégalais, qui craint une propagation du « syndrome Ben Ali » jusque dans son pays. C’est ainsi qu’il a annoncé mercredi dernier, par la voix du ministre du commerce Amadou Niang, le blocage et la diminution des prix de plusieurs produits de consommation courante. Tout comme en Egypte et en Tunisie, le malaise social est grand au Sénégal, où la jeunesse est confronté au manque de travail et à la dévaluation des diplômes, et pourrait bien être le déclencheur d’une révolte populaire. C’est du moins ce que craint le gouvernement d’Abdoulaye Wade, l’actuel président sénégalais, qui à 83 ans aimerait bien briguer un troisième mandat.
Outre ces questions politiques, de nombreux points touchants à l’économie ont été abordés, parmi lesquels l’accaparement des terres par des grands groupes occidentaux ou asiatiques, mais aussi par une certaine élite africaine, et qui menace directement l’agriculture familiale africaine, synonyme pour beaucoup d’autosuffisance alimentaire.